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Il a présenté l'un de ses romans, Frederik Wenzels rejse, paru en 2004, dont il a lu quelques passages. Ce roman raconte vingt-quatre heures de la vie d'un professeur de lycée, plus précisément le dernier jour de l'année scolaire, une journée qui devait être plutôt tranquille et banale, mais au cours de laquelle il affrontera la mort d'un ami et rencontrera peut-être la possibilité d'un amour. Ce récit, écrit à la première personne, se situe à Copenhague et les déambulations du personnage principal dans la ville correspondent à ses incertitudes.
Benn Q. Holm a ensuite répondu aux questions concernant l'ensemble de son oeuvre et sa place dans la littérature danoise contemporaine.
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Autour d’un écrivain – Benn Q. Holm
Parmi les bobos
Prenons les films danois que nous connaissons depuis l’apparition de la vague de Dogme : une tristesse étonnante est en jeu, les couples ne sont pas heureux et les relations amoureuses se brisent facilement.
Bien sûr, la vie est très comfortable pour la grande classe moyenne danoise mais derrière ce qui paraît idyllique, la solitude règne, les doutes dominent, les gens n’arrivent pas à s’entendre et le sens de la vie s’évanouit.
La vie douloureuse est aussi à l’ordre du jour dans l’oeuvre de Benn Q. Holm qui appartient à la même génération que beaucoup de cinéastes de Dogme.
Prenons Fredrik Wenzel, le personnage principal de « Frederik Wenzels rejse » (2004). Il est dans la lignée des grands héros de la littérature danoise qui cherchent sans cesse le sens de la vie, on pense à Ole Jastrau dans le fameux « Hærværk » de Tom Kristensen et à Max Mollerup dans le roman sur Paris « Slangen i brystet » de Henrik Stangerup, les deux personnages cherchent la destruction et les excès nihilistes avec l'aide de l'alcool.
Frederik Wenzel, au contraire, est un anti-héros ou un Jastrau et Mollerup light. Un professeur de lycée qui ne peut même pas boire une seule bière ou un verre de vin sans se sentir coupable et malsain. On se doute s’il s’agit d'un nouveau puritanisme mais il est intéressant de voir comme Wenzel a choisi l’ascèse et la modération.
C’est aussi très amusant de suivre sa démarche tumulteuse à Copenhague la nuit où il va retrouver les femmes et redécouvrir la sexualité et le désir et s’apercevoir que la vie est beaucoup plus riche et multidimensionnelle qu’il ne le pense.
Peut-être l’homme moderne est-il un être faible, auto-suffisant et végétatif ? De toute façon, Benn Q. Holm nous livre dans « Frederik Wenzels rejse » un portrait important de la génération née au début des années soixante, et il nous invite à découvrir la grande ville de Copenhague et la vie moderne dans les métropoles.
On a vraiment l’impression que Benn Q. Holm est parmi les premiers, peut-être est-il même le premier, au Danemark à donner un portrait des bobos, de ce qu’on appelle au Danemark avec un terme anglais « the creative class », d’après le sociologue Richard Florida. Ce sont des gens qui appartiennent à la classe moyenne, qui gagnent facilement leur vie et qui vivent, paradoxalement, à la fois comme des bourgeois et des bohèmes.
Benn Q. Holm a écrit une dizaine de livres dont deux méritent ici une présentation. « Hafnia punk », paru en 1998, est un roman collectif et polyphone qui nous plonge dans le vrai univers des bobos.
L’autre livre est « Album », paru en 2002. Si on souhaite se familiariser avec ce petit pays du Nord et les racines récentes du fameux modèle danois dont on parle beaucoup en France, ce livre est indispensable avec sa description magistrale de la période de 1970 à 2000 ainsi que de la mentalité des danois.
Voilà, l’oeuvre de Benn Q. Holm est un cocktail rafraîchissant et une découverte pleine d’humour avec les bobos sportifs, la vie moderne superficielle, les relations amoureuses souvent amputées, et, une vie insouciante, du point de vue de confort et du luxe, mais très inquiétante par rapport aux valeurs sentimentales et au manque de confiance entre les gens.
Mads Justsen, Maître de langue
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